Aujourd’hui, j’aimerai vous parler DE SEXE ET PÉCHÉ
Table des matières
- 1 COMPRENDRE LE CHRISTIANISME
- 1.1 LE PROTESTANTISME
- 1.2 QUE SIGNIFIE être chrétienne ou chrétien ?
- 1.3 COUPLE MIXTE – Puis-je me MARIER avec un Non Chrétien ?
- 1.4 UNITÉ CHRÉTIENNE ensemble?
- 1.5 RELATION AVEC UNE FEMME MARIÉE – Péché ou Bénédiction ?
- 1.6 L’ÉGLISE AIME-T-ELLE les homosexuels ?
- 1.7 HOMOSEXUELS le PAPE dit « OUI » POURQUOI ?
- 1.8 Dialogue entre CHRÉTIEN ET ISLAM ?
- 1.9 C’EST QUOI UNE SOCIÉTÉ INCLUSIVE ?
- 1.10 SPIRITUALITÉ ET / OU RELIGION ?
- 1.11 QUELLE ÉGLISE CHOISIR ?
- 1.12 Homosexualité LGBTIQA+ un don de Dieu
- 2 Le sexe et Dieu
- 3 Faire l’amour est-il un péché ?
- 4 Faire l’amour avant le mariage Bible ?
- 5 L’apôtre du sexe
- 6 Fornication Bible
- 7 Définition de la sexualité
- 8 Sexualité et pornographie
- 9 La sexualité un mystère
- 10 PODCAST : Sexualité Chrétienne
- 11 Bible et sexualité
- 12 Les relations amoureuses selon la Bible
- 13 Les relations chrétiennes sont-elles pures ou impures ?
- 14 Sexualité et impureté
- 15 Sexualité et vie
- 16 Sexe, mariage et procréation
- 17 Sexe et amour
- 18 Sexualité et épanouissement
- 19 La sexualité avant le mariage
- 20 Sexualité et pureté
- 21 Sexualité, mariage et procréation
- 22 Sexualité et plaisir
- 23 Mariage : amour ou raison ?
- 24 Mariages protestants
- 25 Se toucher est-il un péché ?
- 26 Masturbation et mouvements pro-vie
- 27 Masturbation et rejet du plaisir sexuel
- 28 Bible et masturbation
- 29 Masturbation féminine et masculine
- 30 Masturbation : possible mais pas obligatoire
- 31 Bible et pratiques sexuelles
- 32 Bible et pratiques sexuelles autorisées
- 33 Ancien Testament et pratiques sexuelles
- 34 Nouveau Testament et inconduite sexuelle
- 35 Vie chrétienne et pratiques sexuelles interdites
- 36 COMPRENDRE L’ÉVANGILE
COMPRENDRE LE CHRISTIANISME
LE PROTESTANTISME
QUE SIGNIFIE être chrétienne ou chrétien ?
COUPLE MIXTE – Puis-je me MARIER avec un Non Chrétien ?
UNITÉ CHRÉTIENNE ensemble?
RELATION AVEC UNE FEMME MARIÉE – Péché ou Bénédiction ?
L’ÉGLISE AIME-T-ELLE les homosexuels ?
HOMOSEXUELS le PAPE dit « OUI » POURQUOI ?
Dialogue entre CHRÉTIEN ET ISLAM ?
C’EST QUOI UNE SOCIÉTÉ INCLUSIVE ?
SPIRITUALITÉ ET / OU RELIGION ?
QUELLE ÉGLISE CHOISIR ?
Homosexualité LGBTIQA+ un don de Dieu
On trouve facilement des bibles du sexe dans les rayons des librairies. Mais la Bible, elle, est-ce qu’elle parle de sexe?
Oui! Mais pas forcément pour dire ce que l’on pourrait croire…
Le sexe et Dieu
Comme le rappelle Carolina, le projet de Dieu pour chacune et chacun de nous, c’est l’amour. Il y a beaucoup d’amours différents, qui vont de l’amour pour un.e ami.e à l’amour sentimental, en passant par l’amour de nos familles et même l’amour de celles et ceux que l’on ne connait pas. Bref, l’amour prend de multiples visages. L’un d’eux, l’amour sentimental s’exprime aussi de beaucoup de manières, et l’une d’entre elles est le sexe. On dit bien « faire l’amour », non ?
La Bible aborde tout ce qui touche à l’être humain, et ne laisse pas de côté l’amour et l’érotisme. Le livre qui en parle le plus, c’est le Cantique des cantiques. Même si au fil des siècles, on a souvent voulu le lire comme une métaphore de l’amour de Dieu pour son peuple ou de l’union du Christ et de l’Église, ce texte est en fait vraiment une ode à l’amour érotique et à la sexualité. Dans ce texte, on ne parle pas de sexe pour parler de concevoir des enfants, mais bien de la sexualité pour elle-même. Elle y est dépeinte comme quelque chose de beau et de réjouissant.
Ce qui est intéressant, c’est que dans le couple mis en scène (un couple hétérosexuel), la femme prend autant l’initiative que l’homme. En fait, c’est un texte qui pose une sorte d’égalité sexuelle entre homme et femme. Il ne fait pas de la femme seulement l’objet des désirs de l’homme. C’est rare pour l’époque!
Et n’oublions pas que même si ce texte parle d’un homme et d’une femme, rien n’y condamne les autres formes d’amour et de sexualité.
Faire l’amour est-il un péché ?
Quand on pense sexualité et religion, on pense en général morale stricte et péché. Pour certaines personnes, le sexe est un péché qu’il faut punir. Ces lectures littérales prennent le texte au pied de la lettre sans le remettre dans son contexte historique, culturel, etc.
Il ne s’agit pas de juger ces lectures, mais de rappeler que d’autres lectures sont possibles, et qu’elles sont peut-être plus porteuses de liberté, d’amour et de respect de chacune et chacun.
La sexualité, le plaisir et la réjouissance que l’on peut avoir face à son ou sa partenaire ne sont pas du domaine du péché. Au contraire, c’est un don divin.
Réjouissons-nous d’être des personnes sexuées. Cela nous permet de prendre du plaisir à la sexualité plutôt que de la condamner.
Mais avoir une vie sexuelle et prendre du plaisir n’est pas non plus une obligation. L’Église a longtemps exigé que les relations sexuelles soient cantonnées à la procréation, dans le cadre du mariage. La Bible, elle, appelle à la liberté d’aimer et de désirer. Mais de l’autre côté, la société actuelle nous fait parfois croire que la sexualité et le plaisir sont une obligation. Là encore, la Bible peut nous aider à avoir conscience que la liberté s’applique ici aussi. Certaines personnes n’ont pas envie d’être en couple ou d’avoir une vie sexuelle, et c’est aussi leur liberté. Chaque choix est à respecter, hétéro ou non, mariage ou non, sexualité ou non, tant que tout cela se vit dans le respect, l’amour des autres et l’amour de Dieu.
Faire l’amour avant le mariage Bible ?
C’est vrai, les textes de la Bible parlent plutôt de sexe après le mariage. Cela dit, les passages qui traitent du sexe sont souvent d’ordre économique. A l’époque, quand il y a mariage, le marié paye à la famille une dot. Du coup, si la femme n’est plus vierge, la dot est moindre car la femme est considérée «d’occasion». C’est choquant pour nous aujourd’hui, mais il faut se replacer dans le contexte culturel de l’époque de ces textes, qui datent de bien avant notre calendrier!
D’autres passages peuvent encore être vraiment choquants pour nous. Par exemple dans le livre du Deutéronome, au chapitre 22, on raconte une scène de sexe hors mariage, qui est considéré comme une faute et punie. Or, ce n’est pas une relation sexuelle consentie dont il s’agit, c’est un viol. C’est donc normal que ce soit considéré comme une faute et puni. Et quelle est la punition? L’homme paye une somme d’argent à la famille de la jeune fille et l’épouse. Ce type de texte montre bien que l’on ne peut pas, au XXIème siècle, lire ces textes de manière littérale!
Au fond, on condamnait le sexe hors mariage à l’époque, car il allait à l’encontre des arrangements sociaux et économiques, pas du tout parce que c’était une faute en soi.
Le mariage c’était aussi le seul statut social pour une femme, qui devait toujours être sous la protection d’un homme.
La Bible présente d’autres conceptions du mariage et du couple que les nôtres:
Aujourd’hui heureusement, les mœurs ont bien changé. Le mariage n’est plus une obligation sociale et de ce fait, la sexualité peut se vivre pleinement dans d’autres cadres, tant que cela se fait dans le respect de l’autre.
L’apôtre du sexe
C’est Paul que l’on peut considérer comme l’apôtre du sexe, dans la mesure où c’est lui qui en parle le plus dans ces écrits. Son idée principale c’est que la sexualité est une sorte de mal nécessaire. Bien sûr, Paul parle de sexualité dans le cadre du mariage, puisque c’était la norme de son époque. Pour lui, l’être humain a deux choix: rester célibataire ou se marier.
Dans la première lettre aux Corinthiens, il déclare que le célibat pour Dieu est le meilleur choix, mais qu’il vaut mieux se marier et avoir une vie sexuelle que de se livrer à l’inconduite sexuelle. Il aborde la sexualité avec une vision bien éloignée de nous, car l’inconduite sexuelle désigne chez lui toutes les relations hors mariage. Paul déploie une morale très rigoriste, qui peut nous paraître choquante mais, encore une fois, n’oublions pas l’époque et le contexte dans lequel il vivait et qui n’est plus le nôtre en Occident du moins.
En effet, pour Paul, une vie sexuelle chaste vécue dans le mariage était ce qui différenciait les chrétiens des païens, ceux qui ne croyaient pas en un Dieu unique. L’histoire montre en effet que les Grecs avaient souvent une vie sexuelle plus débridée, et Paul essaie d’exhorter la communauté chrétienne à vivre la sexualité de manière plus sage. Ce sont des préoccupations propres à son époque et à son envie de propager la foi chrétienne.
Cela ne veut pas dire que nous devons appliquer aujourd’hui tel quels les préceptes défendus par Paul. Nous devons plutôt réfléchir à la manière dont ces textes peuvent nous amener à valoriser différents états de vie et différentes formes d’amour et de don de soi.
Fornication Bible
La thématique de la «fornication» revient souvent dans certains milieux chrétiens et est abordée de manière malheureusement bien trop souvent moralisatrice.
Si on tape ces mots dans un moteur de recherche, on tombe vite sur des blogs ou articles qui stigmatisent certaines relations sentimentales et/ou sexuelles par ce terme de «fornication».
Chez certaines personnes, le mot vise les relations sexuelles hors mariage, mais aussi les relations homosexuelles. En fait, cela vise toute relation sexuelle qui sort du cadre de la procréation, comme si le sexe n’était fait que pour faire des enfants!
Le terme grec dans la Bible c’est porneia. On entend souvent dire que ce terme englobe toute relation sexuelle «illicite», telles que le sexe hors mariage, l’homosexualité ou encore l’inceste. Or, il y a ici deux problèmes: d’abord associer la sexualité hors mariage ou les relations homosexuelles avec l’inceste, c’est problématique. Les deux premières sont des relations entre adultes, avec un consentement alors que l’inceste recouvre une réalité toute autre et que c’est un crime. Il faut faire très attention à ne pas tout confondre!
Et puis le terme porneia, en grec ancien, ce n’est pas du tout «fornication» mais plutôt «prostitution» et plus généralement «toute action déshonnête» ou «toute relation avec les Gentils»[1], c’est-à-dire d’avoir des idoles et de se détourner du monothéisme. On est bien loin de la sexualité!
Ainsi, dans la Bible la sexualité n’est pas présentée comme un péché. Même le fameux fruit défendu du livre de la Genèse, ne concerne pas le sexe. Certaines lectures le présentent de cette manière, mais ce n’est qu’une interprétation parmi d’autres. Le terme hébreu est «arbre du jardin», et ce sera la lecture que l’on fait du passage qui décidera de la réalité qu’on met derrière ce terme. Rien dans le texte ne dit que le sexe soit un péché!
[1] Le terme «Gentils» désigne à l’époque classique les non-croyants.
Au contraire, la sexualité est une belle chose, c’est un don que Dieu fait à chacun et chacune d’entre nous. C’est un moyen d’exprimer l’amour, projet de Dieu pour toute l’humanité sans aucune distinction.
Karine Michel d’après une vidéo de Carolina Costa
Définition de la sexualité
Avant d’entrer dans la question d’une éventuelle sexualité chrétienne, il est primordial de partir d’une base commune de compréhension par quelques définitions. Commençons par le mot « sexualité » qu’un dictionnaire définit comme étant « un terme abstrait qui recouvre plusieurs phénomènes » derrière lequel nous pouvons regrouper quatre catégories.
- A l’école lors des cours d’éducation sexuelle, c’est le sens biologique qui est abordé. On nous parle des organes, des hormones, des aspects plus techniques et anatomiques du corps ainsi que de leurs fonctionnements.
- Ensuite, il y a le comportement sexuel, soit les rapports sexuels en tant que tels. Il s’agit avant tout d’en comprendre le fonctionnement.
- Concernant le troisième sens, on peut parler de la sexualité sous son aspect affectif et d’émotionnel. On peut inclure ici la séduction, la passion, tout ce qui touche à l’aspect relationnel. Notons également que les aspects de plaisir ou d’orgasme qui y sont liés, sont quasiment absents des cours d’éducation sexuelle.
- Enfin quatrièmement, il s’agit du sens cognitif et culturel de la sexualité. Les valeurs et donc les croyances ont un impact fort sur la manière de comprendre, de vivre la sexualité et de la transmettre dans une certaine vision ou un certain carcan. C’est ici qu’intervient par exemple la religion.
Sexualité et pornographie
La sexualité est parfois polarisée à l’extrême aujourd’hui dans notre société occidentale. D’une part, il y a l’hyper-sexualisation très présente dans la pornographie, mais aussi dans le secteur de la publicité ou dans certains clips musicaux. L’éducation affective et sexuelle se retrouve touchée de plein fouet par ce phénomène trop peu accompagné auprès des adolescents et des jeunes dans leur cursus scolaire, qui se retrouvent perdus et trop peu, voir pas du tout outillés pour faire face.
De l’autre côté, il y a des courants, principalement religieux, qui prônent l’abstinence et/ou la chasteté en particulier avant le mariage. Ils ont en commun une vision plutôt rigoriste, moralisatrice et puriste. La sexualité y est extrêmement cadrée et codifiée.
La sexualité un mystère
Les relations amoureuses et la sexualité contiennent une profonde part de mystère qui échappe à toute rationalité. Tout n’est pas connu dans ce domaine et encore moins prévisible. Les relations amoureuses sont aussi des moments de communion à l’autre, autant avec le corps, l’âme et l’esprit qui semblent échapper à la raison. C’est peut-être pour cela qu’elle fait peur et que des sociétés ou des religions ont tenté de lui mettre un cadre fort par peur de débordements.
Les religions sont souvent pourtant garantes de l’explication des phénomènes invisibles, mystérieux et énigmatiques. Elles tentent d’apporter une explication ou un sens sur la création du monde, le sens de la vie, sur ce qu’il se passe après la mort et sur l’apparition de la vie. Qu’ont-elles donc à dire sur la sexualité en particulier ?
PODCAST : Sexualité Chrétienne
Bible et sexualité
La première chose que nous pouvons nous demander concernant la sexualité chrétienne serait par exemple de nous demander s’il y a une façon chrétienne de faire l’amour ? Ou encore s’il existe une morale chrétienne concernant la sexualité ? Y a-t-il des règles à suivre ?
La Bible nous présente plusieurs récits d’amour et de sexualité. Le plus souvent, c’est le verbe « connaître » en hébreu ancien qui est utilisé pour décrire ces rapports. On lit ainsi dans le Livre de la Genèse au chapitre 4, verset 1, au sujet d’Adam et d’Ève :
« L’homme connut Ève sa femme. Elle devint enceinte […] »
Pour entrer en relation intime, ce vocabulaire semble suggérer qu’une sexualité épanouie qui donne la vie, dans un sens large, passe par la connaissance de soi et de l’autre dans une reconnaissance et un consentement mutuel. Et que cette connaissance passe aussi par l’union des corps. On pourrait même dire que cette relation intime charnelle permet une connaissance plus profonde de l’un comme de l’autre.
Mais la Bible évoque aussi des récits de viol ou d’inceste moins connus mais qui pourtant rappellent que la sexualité peut aussi devenir malheureusement un lieu de souffrance lorsque les rapports sont non consentis et violents. Nous pensons par exemple à Dina (Livre de la Genèse chapitre 34), à Tamar (2ème Livre de Samuel chapitre 13) ou encore à Bethsabée victime du roi David (2ème Livre de Samuel chapitre 11).
Pour pouvoir comprendre les relations amoureuses et sexuelles entre les chrétiennes et les chrétiens, il faut peut-être aussi commencer par rappeler que le christianisme est pluriel dès son origine. Les textes fondateurs de la Bible datent d’il y a plus de 2’000 ans et depuis ce temps-là, de nombreuses interprétations sont apparues et certaines ont perduré quand d’autres se sont éteintes. Se rappeler aussi que ces textes ont été écrits dans des contextes complètement différent de notre temps. Lorsque nous lisons des passages de l’Ancien (ou Premier) Testament, il faut imaginer que l’esclavage ou la polygamie faisaient partie des valeurs sociales et religieuses de l’époque, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
De même, il est impossible de parler d’une seule vision chrétienne de la sexualité de nos jours, car il existe de nombreux courants progressistes ou conservateurs selon les dénominations confessionnelles. Les premiers prôneront une sexualité libre, consentie, protégée, inclusive et responsable quand d’autres prôneront la chasteté, le mariage, l’hétérosexualité ou la virginité. Que chacune et chacun puisse vivre sa foi et sa sexualité en conscience et selon ses convictions, sans avoir besoin de contraindre les autres à faire de même serait déjà un beau témoignage d’unité dans la diversité chrétienne.
Les relations amoureuses selon la Bible
Le christianisme en tant que voie de l’Amour à la suite du Christ, comme en témoigne par exemple Carolina Costa parmi d’autres, dans un sens large mais aussi plus spécifiquement pour les relations amoureuses est une des interprétations possibles pour renouveler notre vision d’une sexualité chrétienne. Cette voie spirituelle se base sur les deux commandements centraux rappelés par Jésus :
Matthieu chapitre 22, verset 37
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de ton être, de toute ton intelligence, de toute ton âme. »
Matthieu chapitre 22, verset 39
« Tu aimerais ton prochain ta prochaine comme tu t’aimeras toi-même. »
La sexualité chrétienne comprise comme un acte d’amour dans l’élan du désir de Dieu pour nous ne peut qu’avoir pour vocation d’être épanouissante, source de joie et de bonheur. Elle invite à vivre une communion profonde entre les êtres en présence de Dieu qui est Amour. Notre sexualité intéresse Dieu, lui qui a tout créée, Lui qui s’est fait chair en habitant notre condition humaine à travers Christ. C’est Dieu qui permet toutes nos rencontres, Dieu encore qui est source de nos amours et qui nous traverse par son Souffle de Vie.
L’expérience d’une relation intime entre deux êtres humains comporte une part mystique lorsqu’elle est védue de manière libre, consentie. Elle s’ouvre alors à une dimension plus grande, presque cosmique. Elle peut devenir une expérience profonde spirituelle de communion entre deux âmes et deux corps comme l’exprime le livre du Cantique des Cantiques dans la Bible. Une histoire intense de désir et d’amour entre deux êtres qui sont fiancés (donc pas mariés), qui se cherchent et se donnent l’un à l’autre librement et amoureusement.
Chapitre 1, versets 2-3
- « Des baisers, des baisers à pleine bouche !
Tes caresses m’enivrent plus que le vin.
Ton huile parfumée sent si bon !
Toute ta personne est un parfum raffiné. »
Chapitre 1, verset 13
- « Mon bien-aimé est pour moi comme un sachet de myrrhe qui repose entre mes seins. »
Chapitre 8, versets 5b-7a
- « Je te réveille sous le pommier, là où ta mère t’a conçu, là où elle t’a mis au monde.
Place-moi comme une marque gravée sur ton cœur, une marque gravée sur ton bras.
Car l’amour est aussi fort que la mort ; la passion aussi impitoyable que le monde des morts.
Elle est une fièvre brûlante, elle frappe comme la foudre.
Toute l’eau des océans ne suffirait pas à éteindre l’amour. »
Textes d’Eloïse Miceli et Carolina Costa d’après une vidéo de Carolina Costa
Les relations chrétiennes sont-elles pures ou impures ?
Quand on s’interroge sur les notions de pureté et d’impureté d’un point de vue chrétien, on s’aperçoit vite qu’internet est truffé de sites qui présentent un cadre normatif très strict au sujet de la sexualité. Si les notions de pureté et d’impureté ont disparu de l’éthique chrétienne concernant la nourriture ou certaines maladies, elles sont toujours fréquemment associées aux réflexions sur la sexualité.
Sexualité et impureté
Si on regarde chez nos sœurs et frères des autres religions monothéistes, on s’aperçoit qu’une forme de purification nécessaire après des relations sexuelles est toujours en vigueur. Les femmes juives par exemple doivent s’immerger dans le mikvé (bain rituel) après avoir eu des relations sexuelles. A l’origine, ce bain ne concernait que les prêtres du Temple de Jérusalem, qui étaient en contact avec le sacré. Pour le sociologue Durkheim, ce qui est sacré est précisément ce qui est séparé et que l’on ne peut approcher ou manipuler sans précaution. Il fallait donc se purifier pour pouvoir entrer en contact avec le sacré, représenté à l’époque par le Temple de Jérusalem. Si le mikvé n’est plus aujourd’hui une obligation religieuse comme il l’était dans l’Antiquité, il est pourtant encore très présent dans les pratiques juives, notamment pour les femmes après leurs menstrues ou dans la vie conjugale après les relations sexuelles.
©Image Turisme Garrotxa, Mikvé de la synagogue de Besalu
De la même manière, en islam, une tradition similaire existe puisque les musulmans et musulmanes doivent pratiquer les grandes ablutions après avoir eu des relations charnelles.
Dans le christianisme, que ce soit chez les catholiques ou les protestants – réformés ou évangéliques – il n’y a aujourd’hui pas de bain rituel ou de grandes ablutions à faire après avoir eu des relations sexuelles. Pourtant l’association entre sexualité et impureté est toujours fortement présente dans certaines communautés ou dans l’inconscient collectif. Pourquoi ? Il semble que cela insiste sur le fait que la sexualité ne serait peut-être plus considérée comme impure d’un point de vue physique, mais qu’elle le serait toujours d’un point de vue moral.
Comme le souligne Carolina Costa dans sa vidéo, certains milieux chrétiens plus conservateurs déploient en effet une morale rigide qui, comme elle le dit si bien, « laisse beaucoup de gens sur le carreau ». Et même certains mouvements se réclamant aujourd’hui de courants progressistes conservent pourtant une forme de crispation sur ces questions. Ainsi, on trouve par exemple aujourd’hui aux États-Unis des discours qui, s’ils dénoncent la course à la virginité en tant que synonyme de pureté, continuent en même temps de clamer que les relations sexuelles hors mariage ne sont pas une authentique expression de l’amour. Pour ces mouvements, la sexualité doit être vécue « pour la gloire de Dieu » et il faut se méfier de « l’Évangile du soi ». Autrement dit, toute relation vécue hors du seul cadre légitime – le mariage – est pour eux contraire à l’Évangile et n’est qu’une glorification de soi.
L’idée générale dans ces milieux est que le sexe est pur s’il est vécu uniquement dans le cadre du mariage, entre un homme et une femme et dans le but de procréer. Il est donc impur dans tous les autres cas, et la notion de plaisir n’entre pas vraiment en jeu, puisque ce qui importe c’est le « devoir conjugal ».
Sexualité et vie
Le livre du Lévitique de la Bible, que Carolina Costa présente dans sa vidéo, est un code de lois et de règles rituelles qui dirige la vie des croyants et croyantes hébreux à l’époque antique, et qui fait encore aujourd’hui partie des textes de la religion juive et de la religion chrétienne.
Le Lévitique expose une longue réflexion sur l’opposition entre les notions de pur et d’impur, qui n’est en fait rien de moins qu’une opposition entre la vie et la mort. De fait, le Lévitique appelle à la vie, c’est un code qui manifeste une tension vers la vie et vers le Dieu de la vie. Toutefois, il faut toujours se rappeler que ce Code a été écrit dans un contexte historique, social, religieux, politique très loin du nôtre aujourd’hui au 21ème siècle. C’est pourquoi de nombreuses lois sont devenues caduques avec le temps grâce aux progrès scientifiques, académiques et sociaux.
Il ne faut ainsi pas s’étonner par exemple de voir que ce même texte du Lévitique stigmatise autant l’éjaculation masculine que les menstrues féminines, c’est-à-dire paradoxalement cela même qui donne la vie. Mais cette contradiction se dépasse si l’on prend conscience que ce texte – comme tous les autres textes bibliques – est à lire à la lumière d’un contexte, qu’il soit historique, social ou culturel. Le christianisme contemporain est sorti de cette stigmatisation des fluides corporels (en partie du moins) mais reste tout de même marqué par une certaine rigidité, dans les milieux plus conservateurs qui associent de manière stricte sexualité et union conjugale.
Sexe, mariage et procréation
Aujourd’hui, de manière assez générale, la sexualité n’est plus considérée comme impure en tant que telle, et même mise en avant comme belle, épanouissante et faisant partie de l’expérience humaine intégrale. C’est un don de Dieu, et c’est par ce don de Dieu que l’humain participe de la création divine de tout son corps, son cœur et son esprit.
Mais certains milieux conservateurs posent à cela une condition : la sexualité est belle et participe du projet divin, à condition qu’elle soit pratiquée au sein de l’union conjugale. Pas de sexe sans mariage ! Et attention, pas n’importe quel mariage ! Car c’est bien de l’union d’un homme et d’une femme – seule union voulue par Dieu aux yeux de certains chrétiens – qui est le cadre unique autorisant des relations sexuelles « pures ». Tout le reste, eh bien, c’est péché !
La stigmatisation de la sexualité n’est donc aujourd’hui plus de l’ordre du physique mais principalement du moral. Le sexe serait une bonne chose s’il se pratique sous certaines conditions, dans un certain cadre (le mariage) et avec certaines personnes (relations hétérosexuelles). Or, si on choisit de regarder les arguments avancés dans les courants qui soutiennent cela, on s’aperçoit vite que ce qui prime est le don de la vie : il faut une union entre un homme et une femme car c’est elle uniquement qui donne la vie au sens physique du terme, et il faut que cela soit dans le cadre du mariage car c’est le projet de Dieu.
Cette lecture est argumentée par des références bibliques, par exemple le livre de la Genèse au chapitre 1, qui dit que Dieu créé l’humain « mâle et femelle » (verset 27) et leur ordonne de se multiplier (verset 28) mais aussi l’évangile selon Matthieu au chapitre 19, qui rappelle ce passage de la Genèse et ajoute « c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair » (verset 5).
Or, si on élargit un peu le regard, on peut se demander : la vie est-elle uniquement la naissance d’un enfant ? Que dire alors des personnes stériles ? Choisir la vie n’est-ce pas plutôt favoriser tout ce qui est de l’ordre de la vie, c’est-à-dire le partage, l’amour, la tendresse, la solidarité ? Il semble y avoir en effet dans certains milieux une confusion entre la vie et la procréation qui permet une perpétuation de l’espèce humaine. Durant la « Manif pour tous » dans les années 2000 en France, on a vu fleurir des pancartes portant le slogan « le mariage c’est pas l’amour, c’est la procréation ». Mais peut-on aujourd’hui penser sincèrement que ce type de slogan défend ce qui est de l’ordre de la vie ?
« La famille, patrimoine de l’humanité », sur une banderole de la manifestation en octobre 2016. ©IP3 PRESS/MAXPPP/Aurelien Morissard
Le théologien et professeur de Nouveau Testament suisse Simon Butticaz expose dans son livre « Le Nouveau Testament sans tabous » (Genève, Labor et Fides 2019, pages 110-111) que la conception de l’humain comme « mâle et femelle » (Gn 1,27-28) et leur union en « une seule chair » (Évangile selon Matthieu 19,4-6) « n’est pas sans dommage. A commencer par la compréhension même du salut dans la théologie chrétienne ».
Pour lui, « en liant l’identité croyante à une humanité prétendument hétérosexuelle, c’est la gratuité même de l’Évangile qui est bafouée ». En effet, cela veut dire qu’il y a une condition à l’accueil de l’humain par Dieu, qui est « en l’occurrence, une prédisposition affective ou sexuelle ». Et il termine en déclarant que c’est finalement un retour à la question du mérite que les Réformateurs du 16e siècle ont si farouchement combattu.
Pour résumer, l’allemand Martin Luther ou le français Jean Calvin – parmi d’autres – se sont opposés vivement à l’Église catholique qui se réservait le droit de décider qui serait sauvé ou non, selon des critères dont elle seule était juge. Or, l’Évangile se présente comme un don, celui de la grâce divine, gratuit et offert à toutes et tous sans distinction, sans mérite et sans condition aucune. Dieu accueille et aime chacune et chacun de nous, point.
Or, assortir de la condition « hétérosexualité » le mariage et les relations sexuelles, c’est poser que celles et ceux qui ne rentrent pas dans ce cadre sont d’office imméritants et ne seront donc pas sauvés.
De la même manière, autoriser les relations sexuelles dans le seul cadre du mariage, et déclarer toutes les autres relations impures, c’est rejeter d’office toutes celles et tous ceux qui vivent leur vie sexuelle et affective hors de ce cadre. Autrement dit, les célibataires, les non-parents, les personnes LGBTQIA+ ne seraient pas au bénéfice de la grâce divine, pourtant gratuite et promise à touxtes !
Cependant, le message de l’Évangile est clair : Dieu est amour et Lui le premier fait un pas vers l’humain en lui offrant sa grâce, gratuitement, sans condition ni contrepartie. Et l’amour de l’humain pour Dieu, son obéissance ou son écoute au message divin ne sont que des réponses à cet amour premier de Dieu pour chacune et chacun. Ce message ne pose aucune restriction à l’amour divin, alors qui serions-nous pour en introduire en décrétant qui est au bénéfice de cette grâce et qui ne l’est pas, du fait de comportements jugés inappropriés par certaines personnes ?
©Les Ataprods, pasteure Carolina Costa
Sexe et amour
Est-ce un cadre, qu’il soit civil ou religieux, qui peut dicter des sentiments ? Si de l’époque antique jusqu’à la modernité, le mariage était synonyme de raison avant d’être – parfois, par chance – synonyme d’amour, de nos jours c’est bien l’inverse qui se vit du moins en Occident. On se marie non par devoir en espérant que l’amour vienne, mais on se marie parce que l’on s’aime. Mais cela n’implique nullement que l’amour ne puisse exister hors du cadre de l’engagement marital.
Alors pourquoi une relation sexuelle vécue hors du cadre du mariage serait-elle considérée comme ne relevant pas de l’amour véritable ? Est-ce que ce qui compte c’est un cadre normatif, fermé et coercitif ou bien l’épanouissement de la personne, l’accomplissement de la vie sous toutes ses formes ?
L’apôtre Paul traite, au chapitre 7 de la première épître aux Corinthiens dans le Nouveau Testament, des questions de mariage et de sexualité. Le discours peut y paraître très archaïque puisque, pour résumer un peu grossièrement, Paul y expose que le célibat est la situation la plus favorable à une vie en Dieu et que le mariage n’est qu’une concession pour ceux qui ne seraient pas en capacité de vivre sereinement la continence sexuelle que ce célibat implique. Ici aussi, le mariage est présenté comme le seul cadre à la sexualité et tout ce qui se vit en dehors est qualifié d’inconduite sexuelle.
Mais il ne faut pas oublier que ce discours se vit dans un cadre socio-culturel qui n’est pas le nôtre, et qui avait une vision de la sexualité tout à fait différente de celle que nous avons aujourd’hui. En effet, dans la société de Paul une sexualité chaste était en quelque sorte la « marque de fabrique » des chrétiens, communautés naissantes dans une société hellénistique où la sexualité semblait vécue de manière plus débridée. La vision que Paul propage de la sexualité fait donc partie de tout un programme d’évangélisation, c’est-à-dire de propagation du message chrétien dans le monde.
A nous aujourd’hui de faire vivre ce message d’amour de manière adaptée à notre contexte, qui a vu les mœurs évoluer. C’est à nous, chrétiennes et chrétiens, de réfléchir sur les textes bibliques non afin d’en extraire des jugements à l’emporte-pièce qui condamnent et font naître la culpabilité et la honte, mais afin d’en souligner le message d’amour, d’accueil et de valorisation de l’humain, dans sa totalité physique comme psychique. Nous sommes appelés à différents états de vie et différentes manières d’être au monde, et à témoigner chacune et chacun de l’amour de Dieu, quelques soit nos choix de vie ou nos orientations sexuelles et affectives.
Sexualité et épanouissement
La pasteure luthérienne Nadia Bolz Weber rappelle la définition de l’épanouissement sexuel donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé : « Le consentement (le consentement enthousiaste – et non la simple absence de « non ») et la mutualité (le plaisir des deux parties) sont […] la base de l’éthique sexuelle ».
Nadia Bolz-Weber, Shameless, a sexual reformation, Convergent Books, 2019, p. 11. Cet ouvrage n’est disponible pour le moment qu’en anglais, et ce court extrait est une traduction personnelle.
C’est à partir de cette définition que nous devrions réfléchir aux relations sexuelles – en termes d’épanouissement et de respect de l’autre. Et s’il fallait encore employer ces notions de « pur » et d’« impur », alors une relation sexuelle « pure » serait aujourd’hui une relation consentie par les deux personnes, vécue dans le respect, l’écoute et le plaisir partagé.
Les relations chrétiennes pourraient donc être envisagées comme « pures » – au même titre que les relations non-chrétiennes – dans la mesure où elles sont porteuses de vie et où elles permettent l’épanouissement de l’amour.
Textes de Karine Michel d’après une vidéo de Carolina Costa
La sexualité avant le mariage
Peut-on avoir des relations sexuelles avant le mariage ? D’entrée de jeu, soyons clair, la réponse est oui. Oui, les chrétiens protestants réformés, luthériens ou presbythériens croient que la sexualité est une belle chose, un don de Dieu, et non qu’elle n’est pas subordonnée au cadre particulier du mariage. Il est possible de ne pas avoir de relations avant le mariage comme il est possible d’en avoir, l’idée étant qu’il n’y a aucune contrainte ou norme en la matière. Les textes bibliques ne donnent pas d’indication ou de règle à suivre et chacun·e est libre de ses choix dans sa conscience en matière de sexualité, comme pour tout le reste de sa vie chrétienne.
Mais alors pourquoi cette question semble être au centre des réflexions de beaucoup de courants plus conservateurs souvent évangéliques ou catholiques romains ? Et pourquoi est-elle le lieu de tant de crispations ? Pourquoi focalise-t-on à ce point sur cette question de la sexualité ? Pourquoi certaines branches de la chrétienté associent-elles nécessairement sexualité et mariage ? Sexualité et procréation ?
Sexualité et pureté
Quand on aborde la question de la sexualité au sein de la religion chrétienne, et même dans les différentes formes de religion, la notion de pureté apparaît quasi immédiatement. Certains mouvements chrétiens – plutôt dans les milieux catholiques romains ou évangéliques – prônent de se préserver jusqu’au mariage, en matière de sexualité. Ainsi, on demande aux jeunes de rester vierges, de se préserver jusqu’à leur engagement dans le mariage. Et ici quatre points posent question :
- Femmes soumises aux hommes
Tout d’abord, c’est principalement aux jeunes filles qu’on demande de se préserver et d’arriver vierges au mariage. Carolina Costa évoque dans sa vidéo les bals de pureté, ces bals très américains où le père emmène sa fille et lui passe au doigt une bague de pureté, signe qu’elle s’engage à rester vierge jusqu’au mariage.Or, cela associe l’engagement pris par la jeune fille envers ce père avec celui qu’elle prendra plus tard envers son mari. Sa virginité et sa sexualité appartiennent donc toujours à un homme – le père puis le mari – mais jamais à elle-même, alors qu’il s’agit de son propre corps.
- Statut des références bibliques
Les courants conservateurs invoquent souvent certains textes bibliques pour placer la femme sous l’autorité d’un homme comme le texte de Paul aux Ephésiens 5, 22 « Femmes soyez soumises à vos maris…comme au Seigneur. » Pour commencer, il ne faut pas oublier le contexte dans lequel ces textes ont été écrits, qui – comme le rappelle Carolina – est un contexte de patriarcat. Si ce terme n’est pas à entendre comme nous le définissons aujourd’hui, il expose bien la manière dont la femme était à l’époque au mieux infantilisée, au pire réduite à l’état de marchandise et considérée comme un bien. La femme n’avait aucune existence sociale, politique ou économique hors de son lien avec un homme.
D’autre part, ces mêmes milieux chrétiens semblent oublier la dernière partie de la phrase « comme au Seigneur ». Or qu’enseigne le Christ précisément dans les évangiles ? « Si tu veux être le premier ou le chef, soit le serviteur de toutes et de tous. » Cette manière d’interpréter montre comment on peut sortir des versets de leur contexte ou leur faire dire ce que chacun veut. C’est pourquoi, les protestants de type réformés ou luthériens prônent tant la liberté d’interprétation qu’on ne peut pas imposer aux autres.
Enfin, quand bien même certains textes bibliques évoqueraient de telles situations rendrait-il nécessaire pour autant de les appliquer telles quelles au XXIe siècle après toutes les avancées sociales reconnues ? A celles et ceux qui répondraient oui, proposons donc alors aussi de remettre au goût du jour l’esclavage ou les interdits alimentaires stricts du livre du Lévitique. Proposons aussi de nous séparer de nos ordinateurs, smartphones, voitures et autres avancées technologiques. Car oui, comment légitimer l’existence de certains progrès et en rejeter d’autres ? Pourquoi accepte-t-on si facilement les progrès techniques et technologiques alors que les progrès sociaux sont si difficiles à admettre ?
- Virginité et pureté
Le fait de demander aux jeunes femmes de rester vierges jusqu’au mariage expose implicitement que le fait de ne pas être vierge est impur, et que c’est une mauvaise chose. Mais les textes bibliques qui évoquent l’impureté sont la plupart du temps dans le registre économique. En effet, à l’époque le marié et sa famille devaient payer une dot à la famille de l’épouse, et si la femme n’était pas vierge au mariage, elle était considérée comme étant « de seconde main » ou « d’occasion ». On partait alors du principe que la virginité d’une femme faisait sa valeur, ce qui est très problématique. N’oublions pas l’adage qui dit « autre temps, autres mœurs », et demandons-nous une nouvelle fois si cela a encore un sens au XXIe siècle ?!
De plus, en portant ainsi aux nues la virginité, ne retombe-t-on pas dans les travers dénoncés par les Réformateurs – notamment Martin Luther puis Jean Calvin – sur la notion de mérite ? En effet, si on suit cette manière de penser, une femme qui arrive vierge au mariage serait « plus méritante » que celle qui aurait eu des relations sexuelles avant de se marier. Or, la grâce de Dieu ne tient jamais et en aucune manière à un mérite quelconque. Elle est un don gratuit au bénéfice duquel toute personne est, quel que soit son choix de vie et de sexualité. Arriver vierge au mariage ou non, se marier ou vivre en couple sans se marier, fonder une famille avec un homme, une femme ou une personne transgenre, etc. tout cela ne change en rien l’essentiel : l’amour de Dieu pour chacune et chacun, sans condition aucune.
- Sexualité épanouie ou culpabilisante
Une autre problématique suscitée par des notions de pureté, c’est qu’elles peuvent créer des situations toxiques. En effet, comment réussir à avoir une vie sexuelle épanouie, belle, vécue dans le partage et la confiance, si notre vision du sexe négative et culpabilisante ? Si la sexualité est expliquée à des adolescent·e·s uniquement comme étant le moyen de procréer, avec une vision limitée ou limitante pour les femmes ou que le plaisir est présenté comme potentiellement diabolique ou que les relations intimes ne sont pures que si elles sont vécues dans le cadre conjugal, alors comment peut-on espérer voir des adolescent·e·s devenir des adultes avec une vie sexuelle et sentimentale épanouie ? Comment peut-on espérer les voir vivre l’amour amoureux et intime de manière saine, s’ils se sont construits sur des bases limitantes voir toxiques, sur des jugements normatifs et culpabilisants ?Qui plus est, dans cette conception des choses, la sexualité est stigmatisée si elle sort de l’unique cadre acceptable, à savoir le mariage hétérosexuel. Pourtant, si on lit la Bible, rien n’y expose que la sexualité devrait être subordonnée à un contrat d’union entre deux personnes comme en témoigne par exemple le Cantique des Cantiques (voir plus bas).
Car, même si certains textes – par exemple Paul dans sa lettre aux Hébreux ou les évangiles –condamnent ce qu’ils nomment « l’inconduite sexuelle » (qui est sujet à interprétation rappelons-le), rien ne précise que la sexualité avant le mariage tombe sous cette définition. Après tout, avec nos yeux de lecteurs et lectrices d’aujourd’hui, qui connaissons le mariage ou la vie de couple d’amour et non de raison – économique, sociale ou politique – avoir des relations sexuelles avec celui ou celle qu’on aime n’est absolument pas de l’inconduite sexuelle, qu’on vive sous le régime marital ou non.
En fait, la question de la sexualité avant le mariage n’est pas explicitement abordée dans la Bible, et la question du mariage en général ne l’est que très peu, hormis sur la question de la répudiation – qui est autorisée pour faute d’inconduite sexuelle et qui rend adultère si elle est faite pour toute autre raison. Il semble alors difficile d’argumenter par la Bible une obligation de se préserver avant le mariage. Cela semble tenir bien plus d’un interdit humain culturel et social dans des contextes antiques, créé par l’homme du fait de son statut dominant et d’une vision de la femme particulière et propre à une époque donnée.
Sexualité, mariage et procréation
L’interdiction de sexualité avant le mariage tient aussi à une autre raison, celle des enfants. En effet, à certaines époques – et encore aujourd’hui dans certains milieux – le sexe est restreint à la question de la procréation. Pas de plaisir qui tienne, puisque ça sert uniquement à faire des enfants ! Selon ce point de vue, avoir des relations sexuelles avant le mariage est donc problématique car cela entraîne un risque : avoir un enfant hors mariage.
Or, cela pose particulièrement problème dans les sociétés antiques dont parlent les textes bibliques, car cela met en question la paternité. En effet, si la femme qui accouche n’a pas de mari, qui est le père de l’enfant ? Ce dernier risque alors d’être considéré comme un bâtard, et n’aura donc pas d’existence et de statut social et sa mère rejetée risque même d’être vouée à la mort. Le sexe est donc proscrit avant le mariage pour ne pas risquer de telles situations, dramatiques pour les enfants issus de ces unions, qui n’acquèreront jamais – même une fois adulte – de statut social et donc de protection.
Sexualité et plaisir
L’amour, dans toutes ses dimensions, est le maître mot de l’Évangile à travers le Christ. Les chrétiens protestants réformés ou luthériens croient profondément que le projet de Dieu pour chacune et chacun de nous et ce, quelles que soient nos situations de vie, est notre bonheur, notre liberté, notre joie. L’une des manières de vivre ce projet divin passe par le corps et peut donc être la sexualité, ce lieu relationnel si intime entre deux personnes. La Bible, puisqu’elle aborde toutes les choses qui touchent à l’humain, parle aussi de l’amour et de la sexualité, notamment dans un livre aux accents érotiques prononcés, le Cantique des cantiques.
©Peinture de Marc Chagall, Cantique des Cantiques IV
Si l’Église catholique romaine et d’autres ont longtemps voulu lire ce livre comme un texte métaphorique, qui évoquerait de manière imagée l’amour de Dieu pour nous humains ou encore celui de Christ pour l’Église (ce qui est tout à fait possible également), est aussi un livre qui parle tout simplement d’amour et de sexualité entre deux amants qui se cherchent, se trouvent et s’aiment que nous raconte le Cantique.
“Qu’il m’embrasse à pleine bouche !
Car tes caresses sont meilleures que du vin, meilleures que la senteur de tes parfums”.
Voilà le premier verset de ce texte qui décrit une relation amoureuse poétique et enflammée entre une jeune femme et un jeune homme.
Le Cantique des cantiques qui se trouve au cœur de nos Bibles, est un chant de l’incarnation, qui met en scène une corporéité, le fait que l’être humain est incarné dans un corps, qui est lui aussi un don de Dieu. Et qui dit corps dit charnel, et tout au long du Cantique des Cantiques se déploie, de manière suggestive, une véritable ode à la sexualité. On y parle de baisers, de caresses et d’amour. La sexualité y est présentée comme un langage de l’amour, quelque chose de beau, par lequel deux personnes s’unissent et apprennent à se connaître. Pourquoi devrait-on éviter cela avant le mariage, alors que c’est une belle manière de découvrir l’autre, d’exprimer son désir et ses sentiments ? Faire l’amour c’est une vraie déclaration, un véritable engagement entre deux êtres, un don de soi vers une connaissance mutuelle plus profonde entre deux personnes… alors pourquoi s’en priver ?
Les lectures chrétiennes des textes bibliques qui présentent le sexe comme un péché qu’il faut punir – s’il n’est pas vécu dans le cadre du mariage – ne sont pas les seules lectures possibles. D’autres lisent les textes bibliques en soulignant combien ils sont porteurs d’amour, de respect de chacune et chacun, de partage et de liberté. Et tout cela, on peut le trouver dans une vie sexuelle épanouie, vécue en toute conscience, dans le respect de l’autre. Car la sexualité encore une fois est un don de Dieu. Il nous a fait avec des corps et des organes sexuels, qui permettent certes de procréer mais aussi d’avoir et de donner du plaisir.
La première épître à Timothée le rappelle, au verset 4 du chapitre 4 : « Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter, pourvu qu’on le prenne avec action de grâce ». Alors rendons grâce à Dieu de nous avoir fait des êtres sexués car quel don il nous fait ! Et quel cadeau nous pouvons faire à nous-mêmes et à notre partenaire par ce don divin !
Mariage : amour ou raison ?
Aux différentes époques de l’antiquité dont nous parlent les textes bibliques, le mariage était la norme sociale obligatoire, puisque la femme n’avait aucune existence hors de celle d’un homme. Elle n’avait de statut social et juridique que par son père puis son mari. Il fallait donc qu’elle se marie pour survivre socialement, cela ne se discutait pas, comme c’est malheureusement encore le cas dans certains pays du globe. Cette conception existait même encore quelques générations avant la nôtre, chez nos arrière-grands-parents par exemple.
Mais nos sociétés actuelles occidentales fonctionnent différemment et les mœurs ont beaucoup évolué. Le mariage est devenu désormais un choix, un acte libre que l’on fait par amour et non par raison. On se marie généralement parce qu’on s’aime. Mais on peut tout à fait s’aimer – quelque temps ou toute une vie – sans jamais se marier, car le mariage n’est pas la seule expression de l’amour et la seule possibilité de partager des choses avec la personne aimée.
Mariages protestants
Chez les protestant·e·s de toutes dénominations, le mariage n’est pas un sacrement, c’est-à-dire le signe visible d’une grâce invisible instituée par le Christ. De fait, rien dans la Bible n’institue le mariage à la manière de la communion eucharistique par exemple ou du baptême. La théologie protestante pose et reconnaît le mariage comme une union civile, que l’Église peut ensuite bénir, dans un second temps.
Autant on peut dire que c’est Dieu qui unit par son Amour deux êtres, autant ce n’est pas Dieu qui institut le contrat de mariage mais bel et bien le couple qui choisit de poser un acte extérieur dans cette démarche. L’Eglise, par le biais de ses pasteurs et diacres, sera elle la témoin de cet engagement et posera une bénédiction de la part de Dieu, qui soutient l’engagement des êtres à cultiver et faire croître son don et sa grâce.
Dans ce cas, la sexualité est une des formes d’expression de l’amour qui unit deux personnes, et le contrat de mariage ne change rien à leur amour ou leur engagement – puisqu’il ne fait que l’acter sur le plan civil – il n’y a donc aucune raison à donner à la sexualité un statut différent selon qu’on soit une personne mariée ou non.
Nous croyons que la sexualité est un don de Dieu, qui nous a créées avec un corps et qui a donné à ce corps la capacité de donner et de recevoir du plaisir (sauf exceptions pour des personnes atteintes dans leur santé ou les personnes asexuelles). Nous l’avons vu plus haut, cette sexualité n’est nulle part subordonnée à un contrat de mariage, acte civil d’union entre deux personnes.
Il ne s’agit pas ici de critiquer le choix de la virginité jusqu’au mariage – qui se respecte autant que celui d’avoir des relations sexuelles avant le mariage ou celui de ne pas se marier du tout. Il s’agit simplement de rappeler que le message de l’Évangile est un message d’amour et de liberté, un message émancipateur pour nous aider à prendre les décisions que nous estimons être les meilleures pour nous-mêmes sans les imposer aux autres. Enfin, le Christ, rappelons-le, nous appelle toujours au non-jugement.
Les protestants plus progressistes interprètent les textes bibliques comme un appel à vivre en croyante et croyant libre et responsable de ses propres choix, en conscience, se sachant toujours aimé·e et accueilli·e par le Dieu d’amour, quel que soit les jugements des humains. Si on s’aime, la sexualité est un vrai cadeau, qui n’a aucune raison d’être brimée ou cloisonnée et réservée à une situation de vie particulière.
Textes de Karine Michel d’après une vidéo de Carolina Costa
Se toucher est-il un péché ?
La masturbation est souvent présentée comme un péché dans certains milieux chrétiens dits conservateurs traditionnellement catholiques ou évangéliques charismatiques. Cette pratique sexuelle y est décrite comme mauvaise, voire dangereuse car elle détournerait l’humain du plan de Dieu en termes de sexualité et de conjugalité. Or, si comme toute chose cette pratique peut devenir problématique lorsqu’elle devient obsessionnelle – comme le souligne Carolina dans sa vidéo –, pour d’autres milieux chrétiens comme les réformés ou les luthériens, la masturbation n’est pas en soi un péché.
La Bible ne mentionne jamais explicitement cette pratique ni ne la considère comme un péché. Par ailleurs, si nous écoutons du côté des psychologues actuels ou des médecins, il n’y a rien de sale, ni de honteux ou de mauvais à cela bien au contraire. Mais alors pourquoi entendons-nous ces discours qui qualifient la masturbation de péché ? Quels en sont les arguments bibliques ?
Masturbation et mouvements pro-vie
Pendant longtemps, la sexualité a été considérée uniquement comme le moyen de faire des enfants, et rien d’autre, en se basant principalement sur l’interprétation des textes de la Création en Genèse 1, où Dieu appelle notamment l’humain à se multiplier. L’une des conséquences de cette manière de voir les choses est que la semence masculine est vue comme un bien précieux qu’il ne faut surtout pas gaspiller mais préserver, car cela serait une manière de nuire à la vie en devenir. Dans ce contexte, la masturbation masculine est vue comme un péché, dans la mesure où elle représente une perte de la semence, ce qui est interprété comme allant à l’encontre de la vie, puisque celle-ci est sensée uniquement féconder un œuf et donc potentiellement donner la vie.
Cette façon d’envisager les choses est encore largement répandue dans notre monde contemporain, notamment dans les milieux « pro-vie ». Ces groupes s’opposent à tout ce qu’ils pensent être contre la vie, comme la masturbation mais aussi l’avortement ou la contraception.
Or, d’autres interprétations dissocient l’acte sexuel de la procréation. Elles reconnaissent une autre dimension à la sexualité qui est celle du désir et de l’envie, donc pas uniquement dans le but d’avoir des enfants. Car imaginons un instant ce que cela pourrait induire de penser que le sexe n’est destiné qu’à procréer : que les personnes qui sont en incapacité d’avoir des enfants en raison d’une stérilité ou pour d’autres raisons, ou bien celles qui font le choix de ne pas en avoir, et bien toutes ces personnes seraient par conséquent interdites de relations sexuelles ?! Dieu serait-il donc contre le sexe ?
Or, la sexualité est une dimension humaine fondamentale. Elle est un lieu de découverte et de connaissance de soi, de son corps et de son être. Elle est un des langages de l’amour amoureux comme l’exprime si bien et de manière poétique le livre biblique du Cantique des Cantiques. Elle est l’expression du désir et de la communion des corps entre deux personnes consentantes et libres. C’est quelque chose de très beau en soi, hors du fait de concevoir ou non un enfant. N’est-ce pas alors un don de Dieu à accueillir et qu’il faudrait même célébrer ? Le désir de Dieu pour l’humain est certes de se multiplier, comme le dit le livre de la Genèse :
Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ! »
Livre de la Genèse, chapitre 1, verset 28
« Quant à vous, soyez féconds et prolifiques, pullulez sur la terre, et multipliez-vous sur elle. » Livre de la Genèse, chapitre 9, verset 7.
Mais le désir de Dieu pour les humains est aussi et surtout de vivre l’amour dans toutes ses dimensions, comme le répète le Christ et qui se trouve au cœur de son enseignement et de sa révélation. C’est le commandement d’Amour Tu aimeras Dieu et ton prochain comme toi-même, que l’on retrouve dans les évangiles selon Marc (chapitre 12, verset 31) et selon Matthieu (chapitre 22, verset 39) tirés eux-mêmes du Premier Testament.
Masturbation et rejet du plaisir sexuel
La masturbation est considérée comme un péché par certains milieux conservateurs chrétiens, dans la mesure où elle n’a aucun autre but que le plaisir intime. Elle entraînerait ainsi, d’après eux, à succomber aux tentations de la chair, ce qu’on appelle la concupiscence. L’idée implicite derrière cette interprétation est que la personne qui se masturbe serait une personne perverse incapable de se maîtriser et qui aurait besoin de se masturber pour assouvir un besoin qu’elle ne contrôle pas.
C’est absolument faux d’un point de vue psychologique et médical, car la masturbation n’est pas nécessairement la réponse à une pulsion incontrôlable. Les traditions chrétiennes plus progressistes comme les églises réformées ou les luthériennes accueillent les avancées scientifiques et en tiennent compte pour renouveler les interprétations bibliques. En effet, elles pensent que ces avancées font également partie du plan de Dieu dans l’histoire, afin que nous progressions en tant qu’humains dans la connaissance, de manière à élargir notre horizon et notre cœur.
La pratique de la masturbation (seul ou en couple) peut donc au contraire permettre de déployer une vie sexuelle tout à fait épanouie, consciente et saine. Elle est en effet un moyen de connaître son corps et son propre plaisir, d’apprendre ce qui nous fait du bien ou non, et cette connaissance de soi et de ses limites est une bonne chose. Elle est bonne pour soi-même et elle l’est également dans le cadre des relations avec des partenaires. Il est tout de même bien plus épanouissant de savoir ce qu’on aime ou non, et donc de savoir ce qu’on va accepter ou non avec un partenaire, si on se connaît soi-même.
Bible et masturbation
La Bible ne mentionne jamais tout à fait explicitement la masturbation comme nous la comprenons de nos jours et elle n’est pas non plus considérée explicitement comme un péché. Il est intéressant de noter également que lorsqu’il en est question, c’est uniquement la masturbation masculine qui y est traitée, puisque rappelons-le, la Bible à l’origine est un livre écrit par des hommes pour des hommes, puisque les femmes n’ont pas droit à l’instruction ni à de véritable droit juridique ou citoyen avant le siècle dernier.
Les versets bibliques traditionnellement brandis par les milieux conservateurs pour énoncer la masturbation comme un péché sont les suivants :
Le récit d’Onan dans le livre de la Genèse (chapitre 38, versets 6 à 10) qui a justement donné le mot « onanisme »
« Juda marie son fils aîné Er à une femme nommée Tamar.
Er se comporte tellement mal devant l’Eternel Dieu que Celui-ci le fait mourir.
Alors Juda dit à Onan : « Va vers la femme de ton frère et remplis ton devoir de proche parent envers elle : épouse-la afin de donner une descendance à ton frère. »
Mais Onan sait que l’enfant ne sera pas considéré comme le sien.
C’est pourquoi chaque fois qu’il a des relations intimes sexuelles avec sa belle-sœur,
il laisse tomber sa semence à terre, pour ne pas donner de descendance à son frère.
Cette conduite déplait au Seigneur qui le fait mourir lui aussi. »
Livre du Lévitique (chapitre 15 versets 16 et 17)
« Quand un homme a eu des pertes séminales, il se lave entièrement ;
il reste impur jusqu’au soir. Tout vêtement ou toute couverture de peau tachés par le sperme sont lavés et restent impurs jusqu’au soir. »
La Lettre de Paul aux Ephésiens (chapitre 5 verset 3)
« Vous appartenez à Dieu, par conséquent il ne convient pas qu’une forme quelconque de débauche, d’impureté ou d’envie soit même mentionnée parmi vous. »
La Lettre de Paul aux Corinthiens (chapitre 6, versets 19-20)
« Ne le savez-vous pas ?
Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu.
Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps »
Il est intéressant de noter que les milieux conservateurs sont prêts à appliquer certains versets selon leur interprétation décrite plus haut, mais pas d’autres comme celui-ci :
Livre du Lévitique (chapitre 15 verset 18)
« Quand un homme et une femme ont eu des relations sexuelles, ils se lavent tous les deux ; ils restent impurs jusqu’au soir. »
Les milieux conservateurs disent appliquer à la lettre la Loi divine sur de nombreux sujets liés à la sexualité. Mais avec ce dernier exemple ci-dessus -que l’on pourrait renouveler avec bien d’autres versets (voir autres pages sur les questions LGBT)- il apparaît évident que chaque tradition chrétienne a une manière de lire et d’interpréter les Ecritures qui lui est propre. Qui a raison ? Qui a tort ?
La Bible n’a jamais été unilatérale et uniforme. Elle contient plusieurs livres, écrits à différentes époques, par divers auteurs, dans divers contextes. En elle-même, la Bible est l’expression d’une Parole divine qu’il faut creuser, traduire, interpréter à chaque époque comme l’a fait depuis des siècles la tradition rabbinique bien avant la naissance du Nouveau testament. En tant que chrétiens, nous croyons que le Christ donne la clé ultime pour l’interpréter : la lire avec les yeux de l’Amour agapè de Dieu qui accueille chaque être de manière inconditionnelle. Et si la vérité résidait alors dans le fait de respecter l’interprétation de chaque église sans l’imposer aux autres ? Ne serait-ce pas là une manière juste de pratiquer l’amour des sœurs et frères en Christ ?
Masturbation féminine et masculine
La masturbation, en tant qu’acte sexuel orienté vers le plaisir, est déniée dans les milieux conservateurs à la fois aux hommes, mais également – et peut-être même encore plus – déniée aux femmes. Cela tient au fait que pendant des siècles, on a considéré la relation sexuelle seulement comme le moyen de faire des enfants et la femme uniquement comme celle qui enfante. On a ainsi nié aux femmes la possibilité et le droit de prendre du plaisir dans l’acte sexuel, puisque cela n’a pas d’influence sur la possibilité de faire un enfant.
L’idée sous-jacente est qu’une femme peut concevoir un enfant sans prendre de plaisir, les deux n’étant pas biologiquement liés. A contrario, l’homme lui, doit nécessairement prendre du plaisir pour procréer, via l’éjaculation. Ainsi, dans la relation sexuelle, on cherche à tout prix le plaisir masculin et on dénie parfois totalement le plaisir féminin. Or, il est scientifiquement prouvé aujourd’hui qu’éjaculation et plaisir ne vont pas nécessairement de pair. Or, ces conceptions archaïques ont malheureusement produit des générations de personnes à la vision plutôt patriarcale de la sexualité, dans laquelle la femme est très souvent réifiée, rabaissée au rang d’objet de plaisir pour l’homme.
Heureusement, aujourd’hui beaucoup d’hommes et de femmes se battent pour transformer les mentalités et faire valoir une sexualité choisie, consciente et libre y compris dans les milieux chrétiens. Dieu nous a créé avec un corps et des organes sexuels qui permettent certes de faire des enfants, mais aussi de prendre et de donner du plaisir, à son ou ses partenaires ou à soi-même. C’est une vraie grâce, dont il ne faut pas avoir honte !
Comme l’explique Carolina dans sa vidéo, la femme possède même un organe sexuel exclusivement dédié au plaisir : le clitoris.
Le clitoris n’a en effet aucun rôle dans la conception d’un enfant, il n’a aucune utilité hormis le plaisir. C’est pas génial ça, que Dieu ait donné cela aux femmes ? Mais il semble assez compliqué pour certaines personnes d’accepter ce fait, et cela peut malheureusement avoir des conséquences dramatiques.
Certaines sociétés voient en effet d’un mauvais œil la présence de ce petit organe du plaisir et pratiquent pour cela l’excision. Cette opération totalement inhumaine est une mutilation génitale qui consiste à ôter le clitoris des femmes pour qu’elles ne puissent plus éprouver de plaisir. Elles pourront toujours avoir des enfants mais elles n’auront jamais de plaisir sexuel. Aujourd’hui, selon le site https://www.excisionparlonsen.org, cette pratique totalement barbare est encore en vigueur dans plus de 90 pays à travers le monde !
Cette question du plaisir féminin a également été un sujet de scandale lors des grandes chasses aux sorcières qui ont eu lieu au 16e siècle, dans toute l’Europe et aux États-Unis. Ces femmes de l’époque posaient problème car elles étaient souvent célibataires, indépendantes ou lesbiennes cachées, ce qui faisait peur dans des sociétés patriarcales. On les accusait donc d’onanisme – autre nom pour les pratiques auto-érotiques issu du texte de la Genèse (voir plus haut) – ou même d’ébats sexuels avec le diable. Qu’une femme puisse prendre du plaisir en matière de sexualité était déjà scandaleux alors si en plus cela se faisait sans un homme mais seule, c’était impensable ! C’est dire si le plaisir féminin est un danger aux yeux de certains !
Masturbation : possible mais pas obligatoire
Si la masturbation n’est pas une pratique à bannir et qu’elle peut être épanouissante et libératrice à deux ou en couple, on peut également tout à fait vivre sans aussi ! La masturbation n’est absolument pas obligatoire pour avoir une sexualité épanouie. En matière de sexualité – comme pour le reste dans la vie – tout est affaire de choix et de liberté. L’important est de pouvoir dire à son ou sa partenaire ses limites, ce qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Et pour pouvoir faire cela, le meilleur moyen est de se connaître, connaître son corps, ses émotions et ce qui nous donne ou non du plaisir.
La sexualité est une affaire de liberté et ne doit jamais être jugée comme l’enseigne le Christ dans sa Voie. Il n’y a pas à juger celui ou celle qui se masturbe, comme il n’y a pas à juger celui ou celle qui ne le fait pas. Il n’y a pas d’un côté celles et ceux qui ont raison et celles et ceux qui ont tort, celles et ceux qui seraient des personnes libérées sexuellement et celles et ceux qui seraient des personnes coincées. Il y a simplement des personnes qui vivent leur sexualité de manière consentie, comme elles l’entendent, selon leur cœur et leur élan, car elles seule savent ce qu’elles veulent ou non et ce qui est bon pour elles ou non.
La sexualité est un don de Dieu à célébrer plutôt qu’à voiler ou cacher comme une chose honteuse. Souvenez-vous de Paul dans la lettre aux Corinthiens (chapitre 13, verset 5) lorsqu’il écrit « L’Amour ne fait rien de honteux ». Ou l’évangile de Matthieu (chapitre 5, verset 15) lorsque le Christ enseigne « Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et ainsi elle brille pour toutes les personnes qui sont dans la maison. »
Et si nous envisagions la sexualité sous cet angle, comme une lumière dans la vie humaine, un guide dans la connaissance de soi et de l’autre ? Dans ce cas, ne la mettons pas sous le boisseau mais laissons-la briller pour toutes et tous. Il ne s’agit bien sûr pas de tout déballer de manière publique, mais de pouvoir poser des discours sur ces questions qui soient sains, réfléchis et sérieux. Parlons-en, à nos amis, nos enfants, éduquons-nous les unes, les uns, les autres. C’est cette connaissance et cette éducation qui permettront à la fois que cessent les comportements et les discours dangereux autour de ces questions, mais aussi que chacune et chacun puisse avoir une vie sexuelle équilibrée, heureuse et épanouie.
Textes écrits par Karine Michel et Carolina Costa d’après une vidéo de Carolina Costa
Bible et pratiques sexuelles
Inviter Dieu dans son lit, c’est quand même un peu particulier non ? L’idée que Dieu voit tout et verrait donc ce que chacun et chacune fait dans sous la couette, en matière de sexualité, est assez dérangeante. Dieu serait-il un voyeur ? Cette question choque. La réponse est assez évidente : non, bien sûr.
Carolina l’expose clairement, car elle touche à la question de qui Dieu ? Nous croyons qu’Il est présent partout, tout le temps, autour de nous et en nous, ce qui conduit à penser que d’une certaine manière Il doit bien l’être aussi lors de nos relations sexuelles. Mais alors comment ? Les protestants de type réformés ou luthériens ne croient pas qu’Il soit présent comme un censeur extérieur qui viendrait nous dire ce qui est bien ou mal et qui viendrait juger la validité de nos pratiques sexuelles. Il EST simplement présent au sein même de l’Amour et de la communion entre deux êtres qui se partage au cours d’une relation intime. On peut dire qu’Il est l’origine du désir ou l’énergie de vie et d’Amour qui rapproche les êtres pour vivre ce temps de communion des corps, des cœurs et des âmes.
Bible et pratiques sexuelles autorisées
Si le Cantique des Cantiques est LE seul et unique livre qui parle explicitement de désir et de sexualité positifs dans la Bible, d’autres passages bibliques sont souvent invoqués pour parler de sexualité. Pourtant les Écritures n’explicitent nulle part ce qui est bien ou non en matière de pratiques sexuelles et de positions excepté sur les questions de consentement, de violences et d’inceste qu’elles rejettent toujours fermement. La Bible ne contient pas une sorte de Kama sutra chrétien qui décrirait par le menu ce qu’on peut faire ou non.
En fait, les textes bibliques n’entrent pas dans ce genre de détails croustillants, mais restent très généraux quand il s’agit d’aborder ces questions. Cela pourrait être interprété comme le signe que Dieu se retire de cet aspect de la vie intime humaine pour nous laisser libre court à l’exploration et la connaissance mutuelles par cette expérience. Ce que nous savons en revanche et là où le Christ nous invite toujours c’est à suivre le commandement d’Amour qui prime sur tout acte ou parole dans nos vies. Autrement dit à s’écouter mutuellement dans son désir, sa volonté, ses limites et à s’accueillir tel qu’on est.
Pour les questions concernant la sexualité et la communauté LGBTI consulter la page suivante : https://carolina-costa.com/chretien/l-eglise-aime-t-elle-les-homosexuels
Ancien Testament et pratiques sexuelles
Certains courants protestants charismatiques ou catholiques romains s’appuient souvent sur certains textes de l’Ancien Testament pour prononcer des interdits quant à certaines pratiques sexuelles. L’un des textes les plus connus est celui de Sodome et Gomorrhe, qui se trouve aux chapitres 18 et 19 du livre de la Genèse, le premier livre de la Bible telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ce texte raconte l’histoire de deux villes – que la Bible situe au sud de la Mer Morte, Sodome et Gomorrhe, qui sont détruites par le feu, en conséquence de leurs péchés. La tradition dès le 4ème siècle veut que le péché de ces villes soit celui de l’homosexualité, et on se sert donc souvent de ce texte pour condamner les pratiques sexuelles entre personnes de même sexe.
L’histoire racontée ici est celle de messagers de Dieu qui arrivent à Sodome et qui sont invités par Loth à séjourner chez lui. Or, durant la soirée, les habitants de la ville entourent la maison et interpellent Loth pour qu’il leur livre les messagers. Ainsi, on peut lire au verset 5 du chapitre 19 « Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit ? Fais-les sortir pour que nous les connaissions. » Ce passage « pour que nous les connaissions » a aussi été traduit par « pour que nous ayons des relations sexuelles avec eux », et c’est ce qui a permis d’être interprété comme une volonté de la part des habitants d’avoir des relations homosexuelles avec ces hommes – plus clairement de les violer. La tradition voudrait alors que la ville de Sodome aie été punie à cause cette tendance homosexuelle.
Le professeur bibliste de renommée internationale et directeur du Collège de France, Thomas Römer*, explique cependant que le verbe hébreu traduit ici par « connaître » – le verbe yada’ – peut avoir différentes nuances de sens et qu’il ne signifie pas nécessairement « connaître sexuellement ». En effet, il peut aussi signifier une volonté d’abaisser ou d’humilier quelqu’un, en l’occurrence ici les messagers étrangers. Selon cette lecture, la ville de Sodome aurait donc été punie pour avoir voulu attenter à la vie et à l’intégrité des messagers. La condamnation de la ville tiendrait alors au fait qu’elle a manqué au devoir d’hospitalité envers des étrangers ce qui est une valeur fondamentale dans la foi juive. Ce texte fameux n’est donc pas forcément à lire comme une condamnation de l’homosexualité, et argumenter l’interdiction de certaines pratiques sexuelles, telle que la sodomie – qui tire d’ailleurs son nom de ce récit – en se basant sur ce texte est un peu tiré par les cheveux !
Pour en savoir plus sur ce texte, découvrez la page du site et la vidéo de Carolina Costa sur ce lien : https://carolina-costa.com/bible/homosexualite-dans-la-bible-que-dit-vraiment-la-bible
* Sur la question de l’homosexualité dans la Bible, on peut lire l’excellent ouvrage de Thomas Römer, L’homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible, publié aux éditions Labor et Fides en 2005. Cet ouvrage offre notamment une contextualisation historique des textes évoquant cette question, contextualisation nécessaire à une lecture dépassionnée et ouverte.
Nouveau Testament et inconduite sexuelle
Dans le Nouveau Testament, on trouve surtout des références à la notion traduite d’inconduite sexuelle, par exemple dans la Première lettre aux Corinthiens (chapitre 6, verset 18) ou dans la Première lettre aux Thessaloniciens (chapitre 4, versets 3). Le terme grec que l’on traduit par inconduite sexuelle – ou parfois par fornication – c’est porneia.
Dans certains milieux chrétiens protestants charismatiques, on pense souvent que ce terme recouvre toute relation sexuelle dite « illicite », et on range sous cette étiquette la sexualité hors mariage, la masturbation, certaines positions sexuelles jugées indécentes mais aussi l’homosexualité ou même l’inceste. Or, c’est très problématique de mettre sur un même plan ces différents aspects.
La sexualité hors mariage ou les relations homosexuelles sont des relations entre adultes consentants, tout comme le choix de ce que l’on pratique ou non, alors que l’inceste est un acte criminel dans lequel on s’en prend à un enfant, qui n’est pas en mesure de donner un consentement éclairé et ce qui est également fermement condamné dans la Bible. C’est extrêmement dangereux de mélanger tout cela dans un même discours et de confondre des choses qui ne sont pas du tout du même ordre !
De plus, le terme grec porneia n’est pas « fornication » au sens où l’entendent ces milieux, mais cela traduit plus largement une action malhonnête ou une relation avec les Gentils, c’est-à-dire ceux qui n’étaient ni juifs ni chrétiens durant les premiers siècles. Ce terme qualifie donc le fait d’être idolâtre ou de se détourner du monothéisme. C’est donc bien plus éloigné du domaine de la sexualité qu’on ne le croit !
Le Nouveau Testament ne donne donc absolument pas de liste de pratiques sexuelles qui seraient interdites excepté celles qui dénoncent la violence, le viol et l’inceste. Les discours qui posent ce type d’interdictions extrapolent et sur-interprètent des textes qui ne disent rien de tout cela. C’est pourquoi les protestants réformés ou luthériens, estiment que l’éthique sexuelle repose avant tout sur la liberté et l’amour entre deux personnes. Elles plaident également sur le fait que chacune et chacun est libre de juger en conscience si telle ou telle pratique ne lui convient pas, mais qu’on ne peut pas se baser sur la Bible pour décréter mauvaise une pratique de manière absolue.
Vie chrétienne et pratiques sexuelles interdites
Mais alors, pourquoi certaines églises chrétiennes persistent à interdire certaines pratiques ? Parce que pendant longtemps, les hommes d’Église- seuls détenteurs du pouvoir, de la dogmatique et de la morale- ont voulu contrôler la vie dans de leurs fidèles dans sa globalité, et pour se faire, il fallait nécessairement contrôler leurs vies sexuelles et leurs désirs.
L’Église, dans un sens large, a très longtemps imposé (mais certaines églises le font encore) l’idée selon laquelle la fonction de la sexualité était uniquement le moyen de procréer. Hors du fait de concevoir un enfant, celle-ci n’avait aucune utilité, et surtout pas celle du plaisir, associée au péché de la chair. Or, certaines pratiques sexuelles – telles que la masturbation, le sexe buccal ou le sexe anal – ne permettent justement pas de concevoir un enfant. Elles participent donc uniquement du plaisir sexuel sans entrer dans une démarche de procréation, ce qui les rendaient donc illicites. Le plaisir pour le plaisir est en effet inenvisageable et dangereux, car d’après leur interprétation, cela entraînerait à succomber à la tentation de la chair.
Heureusement, les mentalités évoluent aujourd’hui et les églises protestantes réformées ou luthériennes proposent une éthique sexuelle plus épanouissante et libérée tout en rappelant que même si tout est permis, tout n’est pas bon pour soi. Elles invitent donc à l’écoute, la connaissance de soi, le respect et la conscience pour diriger sa vie intime. Même l’Église catholique sous l’égide du pape François a déclaré récemment de manière surprenante que « Le plaisir arrive directement de Dieu, il n’est ni catholique, ni chrétien, ni autre chose, il est simplement divin. ». Le pape reconnait ainsi que la dimension de plaisir fait partie du plan de Dieu pour l’humain et qu’elle fait donc partie inerrante de la nature et de l’expérience humaine. Elle est donc à célébrer plutôt qu’à cacher, car elle est un don de Dieu.
Textes écrits par Karine Michel et Carolina Costa d’après une vidéo de Carolina Costa
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Carolina Costa
Je suis théologienne, formée à l’Université de Genève, à la faculté autonome de Théologie Protestante (master UNIGE).
J’y ai acquis des compétences historico-critiques et appris le grec et l’hébreu, ce qui me permet de pratiquer mes propres traductions plus contemporaines et accessibles.
J’incarne une théologie réformée progressiste, inclusive, existentielle et joyeuse, en me servant de différents supports comme la vidéo, pour déployer mon énergie et l’Amour contagieux du Christ.
J’écris des livres sur les grandes étapes de la vie et je diffuse chaque semaine des vidéos brèves sur la foi sur les réseaux sociaux.