Aujourd’hui, j’aimerai vous parler DE BENEDICTION ET SACREMENT
COMPRENDRE LE CHRISTIANISME
LE PROTESTANTISME
QUE SIGNIFIE être chrétienne ou chrétien ?
COUPLE MIXTE – Puis-je me MARIER avec un Non Chrétien ?
UNITÉ CHRÉTIENNE ensemble?
BIBLE ET SEXUALITÉ
L’ÉGLISE AIME-T-ELLE les homosexuels ?
HOMOSEXUELS le PAPE dit « OUI » POURQUOI ?
Dialogue entre CHRÉTIEN ET ISLAM ?
C’EST QUOI UNE SOCIÉTÉ INCLUSIVE ?
SPIRITUALITÉ ET / OU RELIGION ?
QUELLE ÉGLISE CHOISIR ?
Homosexualité LGBTIQA+ un don de Dieu
Mariage, divorce, remariage ou vie de couple
Prédication sur le divorce
Les différentes églises chrétiennes n’ont pas le même regard sur le divorce. C’est pourquoi sur ce sujet, une prédication protestante faite par un ou une pasteur.e ne sera pas semblable à une homélie catholique faite par un prêtre.
De fait, le mariage n’a pas le même statut dans les deux branches principales de la religion chrétienne. Dans l’Église catholique, il existe sept sacrements, qui sont le baptême, l’eucharistie (communion), la confirmation, le mariage, l’ordination sacerdotale (le fait de devenir prêtre), le sacrement de réconciliation (la confession) et le sacrement des malades (qu’on appelait autrefois l’extrême-onction). Le mariage fait donc partie d’un ensemble de sacrements, c’est-à-dire un « signe visible d’une réalité invisible destiné à la sanctification des humains », comme le définit l’Église catholique.
Dans les courants protestants, le mariage est un acte civil, accessible à toutes et tous au sein de la société. C’est donc un acte qui relève de l’État et que l’on fait à la mairie. Les églises protestantes proposent une bénédiction de mariage, à celles et ceux qui le souhaitent, et certaines bénissent aussi toutes les unions (pacs, partenariats, mariages) des couples de même sexe comme de sexe opposé.
Selon le statut donné au mariage, la possibilité du divorce est également envisagée ou non, selon le point de vue théologique et spirituel. Dans l’Église catholique, où le mariage est considéré comme un sacrement, l’idée sous-jacente est que c’est Dieu lui-même qui unit les deux personnes. On s’appuie alors sur le verset 9 du chapitre 10 de l’évangile selon Marc : « que l’humain ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » pour expliquer que le divorce n’est pas accepté par Dieu et qu’il est donc insoluble.
En outre, quelques versets plus loin (versets 11 et 12), le texte biblique rapporte cette parole de Jésus : « Celui qui répudie sa femme et en épouse une autre commet l’adultère envers la première, et si une femme répudie son marie et en épouse un autre, elle commet l’adultère ». C’est ce qui fait dire à l’Église catholique que non seulement le divorce n’est pas permis par Dieu, mais qu’en plus le fait de se remarier ou d’avoir une nouvelle relation en tant que divorcé ou divorcée, s’apparenterait à un adultère, et serait donc un péché. C’est la raison pour laquelle les personnes divorcées n’ont plus accès à la communion. Mais certaines paroisses catholiques souhaitent actuellement une réforme sur ce point particulier.
Le sacrement du mariage unit deux personnes, jusqu’à ce que la mort les sépare, comme le dit la liturgie catholique. Par conséquent, seuls les veufs et les veuves sont autorisés par le droit canon (le droit de l’Église catholique) à se remarier. Il existe toutefois des exceptions possibles qui sont soumises directement au Vatican, qui traite les demandes lors d’un long processus.
Au sein du protestantisme, certaines églises – des courants plutôt luthéro-réformés – considèrent le mariage comme un acte purement civil. Si le mariage ne fonctionne plus, c’est la loi civile qui autorise le divorce et cela n’a rien à voir avec Dieu. Les églises prendront simplement acte de la nouvelle situation de vie des personnes. Chaque être humain sera considéré sans jugement dans sa totalité, avec son histoire de vie, ses réussites et ses échecs. Ces églises reconnaissent qu’une séparation ou un divorce est parfois la meilleure décision et cela sera reconnu sans jugement et accompagné.
D’autres églises – des courants plutôt évangéliques-charismatiques – auront une lecture plus littérale de la Bible. Sans rejoindre l’Église catholique sur le mariage comme sacrement, ces mouvements évangéliques vont lire les mêmes versets, évoqués plus haut selon le dogme catholique, d’une manière à peu près similaire. Un accent particulier sera aussi mis sur l’importance de l’état virginal des futurs époux.
Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas de dire que l’une ou l’autre des églises à tort et qu’une position serait meilleure que l’autre. Nous avons toutes et tous la liberté de lire les textes bibliques avec nos propres prismes, et nous sommes invités à ne pas juger la lecture de nos sœurs et de nos frères en Christ.
Mais il convient peut-être de rappeler aussi que ce qui nous anime c’est l’amour incommensurable de Dieu pour chacune et chacun de nous, et que nous pouvons traduire cela en geste humain d’accueil inconditionnel de toute réalité.
Certaines positions laissent malheureusement sur le côté de la route un certain nombre de personnes, qui du fait de leur parcours de vie ne sont plus acceptées au sein de l’Église et ne peuvent plus avoir de vie sacramentelle. Or cette dernière est l’un des liens privilégiés de la relation entre les personnes croyantes et Dieu. Priver une personne de ce lien est-il vraiment une preuve de l’amour que Jésus nous a demandé d’avoir les unes, les uns pour les autres ?
Il faut également préciser que, même si les églises ont une ligne de conduite, cela n’engage pas chaque personne croyante de manière individuelle. Il y a des catholiques qui acceptent tout à fait le divorce et accueillent les personnes divorcées tout comme il y a des protestants luthéro-réformés qui ont du mal à envisager cette possibilité. Tout cela est aussi affaire de sensibilité personnelle.
Que dit la bible sur le divorce et le remariage ?
Nous avons vu plus les versets invoqués pour argumenter en faveur du mariage indissoluble.
Mais il est intéressant de les rendre audibles pour nous au XXIème siècle. La parole de Jésus « que l’humain ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » peut s’entendre en termes de partenariat. Nous pouvons mettre fin à toute forme de partenariat, ce qu’est le mariage, mais nous ne pouvons pas faire comme si ce partenariat n’avait jamais existé.
Même un divorce ne délie pas définitivement les deux personnes concernées, car ce qu’elles ont vécues ensemble continuera d’exister. Divorcer n’est peut-être pas à prendre au sens fort de délier définitivement et de manière unilatérale. Le divorce peut alors être envisagé non comme une séparation de ce que Dieu a uni, au sens d’effacement, mais comme une séparation nécessaire au bien des personnes et de la famille qu’elles ont peut-être construite.
De plus, les versets cités ne font pas du mariage un sacrement au même titre que le baptême ou l’eucharistie. Ces derniers sont en effet les deux seuls sacrements institués directement par Jésus dans les évangiles. Et ce qu’ils déclarent est à remettre dans son contexte. Or, le contexte de l’époque était bien différent du nôtre en termes de conjugalité. A l’époque par exemple, une femme n’avait pas d’existence sociale sans être mariée, ce qui heureusement n’est plus le cas aujourd’hui. Les mentalités ont changé et ce qui était pratiqué à l’époque n’est plus forcément applicable aujourd’hui.
Dieu pardonne le divorce ?
La base de l’Évangile – la Bonne Nouvelle qui irrigue nos vies – c’est le pardon. C’est la tendresse infinie de Dieu pour ses enfants, sans condition. Il n’y a pas dans l’Évangile de condamnation de qui que ce soit. Au contraire, Jésus discute d’égal à égal avec la samaritaine, relève la femme adultère, embrasse Judas et pardonne même à ses bourreaux sur la croix.
Le pardon de Dieu est inconditionnel. Ne pourrait-il donc pas pardonner le divorce ?
Même si certaines personnes pensent que le divorce est une mauvaise chose, ce n’est pas pour autant que l’on peut penser que Dieu ne le pardonne pas. Dieu regarde au cœur de chacune et de chacun. Si deux personnes mariées décident de divorcer, parce que leur union fait plus de mal que de bien à leur couple comme à leur entourage, n’est-ce pas la meilleure solution ?
Dieu veut notre bien. Comment pourrait-il alors nous demander de perpétuer des situations de souffrance, de mal-être ou d’absence d’amour ? Sans parler ici des cas de violence et d’abus où la question est vitale.
Taux de divorce parmi les chrétiens ?
Il n’y a pas à proprement parler de statistiques sur cette question. On pourrait avoir tendance à penser que le divorce est moins répandu chez les catholiques, puisque le droit canon ne l’autorise pas. Et c’est peut-être le cas, il y a peut-être effectivement moins de divorces au sein des communautés catholiques.
Mais la question est-elle vraiment là ? Ne devrait-on pas plutôt s’interroger sur le taux de couples qui se forcent à rester ensemble malgré les conflits, le manque d’amour ou d’autres types de souffrance ? Choisir de rester dans un mariage qui n’est plus ce à quoi les deux personnes aspiraient ou choisir de divorcer devrait peut-être être considéré comme un choix personnel et libre. Ou sur l’accompagnement des couples dans les difficultés ? Où apprenons-nous à régler les conflits, à comprendre les enjeux et les défis d’une relation de couple ? De nombreuses églises proposent d’ailleurs des accompagnements spécifiques aux couples en crise.
Carolina Costa a d’ailleurs réalisé un vidéo-livre à ce sujet « Couple en crise : comment se retrouver ? »
Enfin, comment décider en toute connaissance de cause d’exclure de toute vie sacramentelle une personne divorcée ? Une personne qui fait ce choix ne le fait jamais de gaieté de cœur, c’est toujours douloureux de mettre fin à un engagement aussi beau que le mariage. Et qu’en est-il des personnes divorcées dont ce n’était pas le choix, mais qui ont subi le choix de leur conjoint·e ? Doit-on elles aussi les mettre de côté ?
N’est-ce pas l’amour qui devrait guider nos gestes plutôt que le strict respect de règles ? C’est en tout cas ce que certaines personnes chrétiennes choisissent de penser.
Association chrétiens divorces
Il existe une association au sein de l’Église catholique, qui réunit des personnes chrétiennes divorcées, qu’elles soient engagées ou non dans une nouvelle union. Cette association accueille donc chacune et chacun selon sa situation, inconditionnellement et sans jugement. Elle permet ainsi aux personnes déçues ou blessées de par leur situation conjugale de vivre leur foi, d’être entendue et de ne plus être forcées au silence et à la honte.
C’est aussi une association qui offre des temps de prières lors d’union civiles pour les personnes divorcées remariées qui le souhaitent. De plus, elle travaille avec les pastorales familiales des diocèses de France, afin de faire évoluer la question de l’accueil des personnes divorcées remariées ou en couple au sein de l’Église catholique, et notamment dans les différents sacrements, aujourd’hui très souvent refusés à ces personnes.
https://chretiensdivorces.org/2021/accueil/notre-mission/la-charte/
La question du divorce, de son pardon par Dieu ou de l’accueil des personnes divorcées et remariées ou à nouveau en couple est une question primordiale, car elle est un reflet de la conception de la grâce et de l’amour de Dieu.
Enfants de Dieu, nous sommes appelés à aimer, inconditionnellement et avec bienveillance. Nous sommes appelés à être l’étincelle de vie et d’amour qui redonne une espérance à celles et ceux qui l’auraient perdue, faute d’un parcours de vie douloureux.
Avant de juger trop promptement, voire de condamner, n’oublions jamais que nous sommes cette étincelle de vie, ces passeurs et passeuses d’espérance et d’amour.
Karine Michel, d’après la vidéo de Carolina Costa
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Carolina Costa
Je suis théologienne, formée à l’Université de Genève, à la faculté autonome de Théologie Protestante (master UNIGE).
J’y ai acquis des compétences historico-critiques et appris le grec et l’hébreu, ce qui me permet de pratiquer mes propres traductions plus contemporaines et accessibles.
J’incarne une théologie réformée progressiste, inclusive, existentielle et joyeuse, en me servant de différents supports comme la vidéo, pour déployer mon énergie et l’Amour contagieux du Christ.
J’écris des livres sur les grandes étapes de la vie et je diffuse chaque semaine des vidéos brèves sur la foi sur les réseaux sociaux.